dimanche 13 novembre 2011

Respect des autres

Dans la nuit le silence se fait sentir proche de vos pensées, ces dernières vous appellent, vous incitent à revoir en vous des mots, des phrases, des visages, des situations et vous indiquent les liaisons entre tous ses points de votre vie.

L'un des ces points est le respect ou l'amour à autrui. Qui pourrait se traduire par "Ne fait pas aux autres, ce qu'on a fait à toi, sauf si cela t'a fait grandir et te rend plus fort et plus respectueux des autres".

Je suis né dans les environs de Bordeaux un petit matin d'hiver de Décembre 1960 d'une femme aimante et jolie. Mais d'un père a qui on n'a pas donné les moyens de prendre la mesure d'avoir des enfants. En effet, toute son éducation a été centrée sur lui. La famille vivait à l'époque dans une Tunisie colonialiste et en bonne entente avec la population paisible. Son père (mon grand-père Jean-François) était un homme simple comme tous les Corses expatrié loin de leur terre natale. Il été chef d'atelier à l'arsenal de "Sidi Abdalha" et avait un revenu décent. Sa mère "Gentille", qui n'en portait que le prénom, était une femme autoritaire et faisait marcher la maison avec fermeté, même s'il n'y avait pas lieu de la l'être. Son fils Alexis été le centre de son monde, l'homme intelligent de la famille et attention à qui osait dire le contraire. C'était son fils unique, son enfant chéri, rien n'était assez beau pour lui. Il était portait au nu et ses volontés étaient faites même si cela en coûtait à la famille. Alors qu'il commençait à sortir de l'adolescence, il désira avoir une paire de chiens. Des chiens loups s'étaient, m'avait t'il dit. Le récit de mon père est qu'il les adorait et leur prodiguait une éducation comme il se devait, stricte pour les rendre docile et obéissant. Quant on écoute ce récit, on se dit rien de plus normal d'avoir un ou plusieurs animaux de compagnie.

Dans le début des années 1990, j'ai invité mon père dans mon appartement de Montrouge pour refaire connaissance après de longues années de brouille, mais aussi pour montrer la bonne santé de ma petite famille. En parlant sur le chemin du retour qui nous menait à l’aéroport d'Orly-Paris, nous en sommes arrivés à parler d'éducation. Et c'est là, qu'il me dit froidement "Les enfants c'est comme les chiens, il faut les dresser en me rappelant qu'il avait eu des chiens loups et qu'il s'était fait respecté d'eux en les matant à la dur." Alors que cette phrase m'avait un peu choqué, je lui ai reposé la question différemment "Est une métaphore ou réellement tu as appliqué ton principe à tes propres enfants ?". La réponse fut à la hauteur et à mon désespoir "Oui et j'en suis fière !". J'ai eu tellement honte que sur le moment je ne savait plus quoi faire. M'arrêter sur le bord de l'autoroute, j'avais le souffle coupé par ce retour froid et sans considération. J'étais foudroyé sur place et la première phrase qui put sortir de ma bouche est "Je ne peux plus porter le même nom de toi car tu me donnes envie de vomir". Sa réponse, là encore, fut aussi impromptu "Il faut d'enfermer dans un asile." et cela en regardant ma mère complètement affligée à côté de lui. J'ai tenté de le raisonner en lui disant "Mais, tu te rends compte de ce que tu dis en disant que tu as éduqué tes enfants comme tes chiens ? et que tu as faillit à plusieurs reprises nous tuer car tu ne supportais pas le bruit ou le moindre mouvement pendant les repas." A cela, sa réponse fut à la même hauteur que la première " Je vous ai dressé comme mes chiens pour vous apprendre la vie".

Dernièrement, j'ai eu un entretien téléphonique avec une cousine que j'apprécie affectueusement et qui me racontait l'histoire des chiens. Elle me disait "En effet, il a demandé avoir des chiens loups, mais il s'en ait jamais occupé. C'était ton grand-père Jean-François qui leurs faisait la soupe tous les soirs et ta grand-mère qui leurs apporté dans l'enclos en haut d'une colline loin de la maison, car il ne supportait pas leurs aboiements.".

Je penses qu'il faut méditer chaque geste ou expression qu'on transmet à ses enfants en se disant "Est-ce la bonne forme ou le bon moyen pour son développement avenir ?".